Justinien Ier ou Justinien le Grand, né vers 482 à Tauresium, près de Justiniana Prima en Illyrie, et mort le 15 novembre 565 à Constantinople. Déjà un des principaux conseillers de la politique impériale sous son oncle, Justin I, Justinien a début son règne le 1er août 527 et régna sur l'empire byzantin pendant près de quatre décennies. Pendant ce temps, l’Afrique du Nord a été récupérée des Vandales, l’Italie libérée de la domination des Goths, et une gagnée en Espagne, une fois de plus, et pour la dernière fois dans l'histoire la Méditerranée pourrait à juste titre s'appeler un lac romain. Ces succès ont été, dans une certaine mesure, contrés par l'expansion du pouvoir perse à l'est sous le vigoureux souverain sassanide Khusru I (531 79) et Justinien a été obligé de payer des sommes importantes pour maintenir la paix précaire sur la frontière orientale.
Ses réalisations au sein de l’empire sont également majeures, la plus célèbre du point de vue architecturale est sans aucun doute la grande église de Sainte-Sophie: ce bâtiment remarquable, qui est encore l'un des éminents points de repère de l’Istanbul moderne. Ses réalisations ont exercé une influence puissante sur tous les ecclésiastiques byzantins plus tard. Dans le domaine du droit, le règne de Justinien était aussi un grand tournant et sa codification du droit romain à travers le code Justinien servira de base aux générations à venir.
Le règne de Justinien peut être décomposé en deux parties. De 527 à 540, les succès sont réels, souvent rapides et de grande ampleur. En revanche, la deuxième partie de son règne est plus contrastée. Les frontières de l’Empire sont assaillies et ses nouvelles conquêtes, notamment en Italie, sont compromises. Pour autant, si l’Empire vacille, la situation se rétablit sur l’ensemble des fronts et à sa mort, l’Empire romain d’Orient est à son apogée territorial. Sur le plan interne, la situation aussi se dégrade, parfois pour des raisons extérieures à l’empereur.
C'est alors que deux évènements se sont succédés, en 536, quelque chose d’étrange s’est produit dans le ciel. Un brouillard mystérieux et poussiéreux a plongé l’Europe, le Moyen-Orient et certaines parties de l’Asie dans l’obscurité, provoquant une chute de température durant 18 mois, semant le chaos dans l'empire et au-delas. Les températures au cours de l’été 536 ont chuté de 1.5 °C à 2.5 °C, ouvrant la décennie la plus froide de ces 2300 dernières années. Une pénurie de récoltes et une famine en ont découlé. « Et il s’est avéré que c’est au cours de cette année qu’un événement très inquiétant a eu lieu… », a écrit l’historien byzantin Procope de Césarée. « Car le Soleil a donné sa lumière sans éclat, comme la Lune, pendant toute cette année, et il a fortement ressemblé au soleil durant une éclipse, car les faisceaux qu’il répandait n’étaient ni clairs, ni comme ceux dont on a l’habitude ». Depuis nous savons que c'est l'éruption d'un volcan en Iceland qui est à l'origine de cette catastrophe.
Puis, juste après une seconde éruption du volcan en 540 provoquant à nouveau une chute des température, c'est ce que l’on a appelé la peste de Justinien qui s’est rapidement répandue de de 541 à 543, faisant disparaître un tiers, voire la moitié, de la population de l’Empire romain oriental.
La profonde crise démographique engendrée par ces évènements aura de multiples conséquences dont les effets se font surtout ressentir après sa mort. En effet, sur bien des points, l’œuvre de Justinien apparaît inachevée. Ainsi, ses conquêtes territoriales ne lui survivent pas, de même que l'idée d'un Empire romain universel. Certains historiens ont pu critiquer les ambitions d’un empereur inconscient des forces réelles de son Empire et des enjeux les plus urgents auxquels il fait face. Pour autant, il reste encore aujourd’hui considéré comme un dirigeant de grande qualité, contribuant à faire rayonner l’héritage de la Rome antique.
D'un point de vue numismatique, la réforme de monétaire de 538/539, en l'an XII du règne introduit une revalorisation du poids des follis et une représentation de face de l'empereur, contre un buste de profil auparavant.